Mobilisation contre les mégabassines : ce qu'il faut savoir de cette semaine de manifestations sous haute tension

Dans un marais poitevin de plus en plus exposé à des épisodes de sécheresse, du fait du réchauffement climatique causé par les activités humaines, la question du partage de la ressource en eau est un sujet brûlant. Elle s’illustre par des projets de mégabassines, dénoncés par des militants rassemblés depuis mardi 16 juillet et jusqu’à dimanche, dans le but “d’arracher un moratoire” sur la construction de ces réserves d’eau, au cœur de conflits d’usage.

Ces réserves d’irrigation réclamées des agriculteurs locaux sont, pour leurs détracteurs, un exemple de “maladaptation” susceptible d’aggraver l’état des nappes phréatiques. Les opposants aux projets – dont Bassines Non Merci (BNM), les Soulèvements de la Terre, Attac, l’Union syndicale Solidaires et la Confédération paysanne – prévoient une semaine de discussions et d’actions.

Pour appuyer leur initiative, ils mettent en avant le soutien que leur portent certains hydrologues, notamment le collectif des Scientifiques en rébellion, qui désapprouvent aussi ces projets de mégabassines. Les autorités affirment redouter la “grande violence” de manifestants “radicalisés”, tandis qu’un syndicat agricole appelle à contre-manifester.

Depuis le début de la semaine, 5 000 personnes ont été contrôlées et 400 “objets dangereux” ont été saisis aux abords de Melle (Deux-Sèvres), précise mercredi 17 juillet le procureur de Niort à France Inter. Parmi ces objets, les forces de l’ordre ont récupéré des couteaux, des barres de fer, des haches, des boules de pétanque, des artifices ou encore des liquides inflammables.

Un campement pour protester contre les mégabassines

Déjà surveillé par 277 gendarmes, le campement des opposants aux projets de mégabassines, baptisé “village de l’eau”, sera en place jusqu’à dimanche à Melle, sur un terrain de dix hectares. Chapiteaux géants, stands, une “mégacantine“, un bar, des espaces de camping, ou encore une “bambinerie” pour les enfants…  L’évènement, initié par 120 organisations, associations, syndicats et collectifs, s’organise autour de tables rondes, de discussions ou encore de formations, dans une atmosphère de festival. 

Ce rendez-vous militant a vu le jour avec l’accord de la municipalité de Melle, déjà hôte en mars 2023 d’un évènement similaire. “Choisir d’accueillir ce village-là, après celui de mars 2023 qui, à Melle, s’est bien passé, ne faisait pas forcément de doute pour moi”, a assuré vendredi sur France 3 Nouvelle-Aquitaine le maire sans étiquette de la commune Sylvain Griffault. “Il n’y a pas de raison, si tout le monde garde son sang-froid et son calme, que ça dérive vers quelques événements fâcheux que ce soit”, a-t-il ajouté. 

Car si le rassemblement de Melle a laissé de bons souvenirs à l’édile, les manifestations organisées en parallèle à une quinzaine de kilomètres de là, sur la commune de Sainte-Soline, ont donné lieu à des scènes de violences impressionnantes entre les forces de l’ordre et les manifestants en 2023. 

Deux manifestations non autorisées 

La mobilisation des antibassines ne prendra pas uniquement la forme de discussions. Deux “actions” ont ainsi été annoncées par les organisateurs. La première, prévue vendredi à Saint-Sauvant (Vienne), se tiendra sur le site d’une future bassine. La seconde aura lieu samedi devant le terminal agro-industriel du port de La Rochelle (Charente-Maritime). Mardi, la préfecture de la Vienne a interdit “toute manifestation” vendredi sur la commune de Saint-Sauvant et ses alentours, arguant dans un communiqué que “les dernières manifestations non déclarées de ces mêmes organisateurs ont donné lieu à des débordements violents, avec des atteintes aux biens et aux personnes, et plus particulièrement des atteintes inacceptables aux forces de l’ordre.”

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Or, du côté de la coordination antibassines, les manifestants n’ont “pas pour intention de s’en prendre ni à des agriculteurs, ni à leurs fermes.” Accusant le préfet “d’attiser les peurs et les tensions”, les Soulèvements de la Terre maintiennent toutefois l’intention des opposants de participer à “une grande marche pour obtenir un moratoire” sur les projets de mégabassines. En mai, date de la dernière mobilisation contre ces réserves d’eau, une marche organisée dans le Puy-de-Dôme et autorisée par la préfecture n’avait donné lieu à aucun incident.

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