Une vaste étude suédoise, publiée dans la revue Human Reproduction, confirme l’efficacité de la pilule oestroprogestative à soulager les douleurs menstruelles liées aux règles, appelées dysménorrhées en jargon médical.
La pilule oestroprogestative réduit la douleur liée aux règles, selon une étude épidémiologique suédoise.
La moitié voire les trois quarts des jeunes femmes souffrent de douleurs pendant leurs règles. On parle de
dysménorrhée. Ces douleurs surviennent généralement dans les deux ans qui suivent l’arrivée des règles (il s’agit de dysménorrhées primaires). Les dysménorrhées sont dites secondaires lorsqu’elles surviennent vers l’âge de 30 ans. Il faut alors consulter pour identifier la cause de ces douleurs et écarter une éventuelle pathologie plus grave (
fibrome,
endométriose). Très handicapantes, elles entraînent de fréquents arrêts de travail et un fort absentéisme scolaire.Dans le cadre des dysménorrhées primaires, le traitement est généralement limité à la prise d’
anti-inflammatoires, d’
antispasmodiques ou d’
analgésiques qui permettent de soulager les symptômes. Bien que cette indication ne soit pas autorisée par l’Autorité européenne du médicament, certains médecins n’hésitent pas à prescrire des
contraceptifs oraux combinés pour éliminer ces douleurs menstruelles. De nombreux travaux ont porté sur cette question, mais leurs conclusions contradictoires n’ont jamais permis d’affirmer son efficacité à soulager les douleurs associées aux règles.Le Dr Ingela Lindh et ses collègues de l’Institut of Clinical Sciences à l’Université Gothenburg en Suède ont interrogé trois groupes de femmes âgées de 19 ans en 1981, 1991 et 2001 puis, 5 ans après, à l’âge de 24 ans, pour savoir si elles souffraient de dysménorrhée et connaître leur mode de
contraception. Les femmes ont été contactées par courrier et invitées à remplir un questionnaire de 40 questions d’ordre à la fois général (taille, poids, antécédents médicaux), et spécifique (douleurs menstruelles et utilisation d’un contraceptif oral). Ils ont ensuite évalué l’intensité des éventuelles douleurs menstruelles à l’aide de deux échelles : l’échelle VMS (verbal multidimensional scale), qui détermine des niveaux légers, modérés ou sévères, et l’échelle analogique visuelle (VAS), qui consiste à indiquer sur une échelle de 10 cm le niveau auquel se situe la douleur.Au total, près de 1 400 femmes ont répondu aux chercheurs, qui ont mis en évidence une différence significative en termes de douleur entre celles qui prenaient la pilule et les autres. “Nous avons trouvé que l’utilisation d’une pilule contraceptive combinée réduisait la dysménorrhée de 0,3 unités, ce qui signifie qu’une femme sur trois voit sa douleur régresser d’un grade sur l’échelle VMS (par exemple de douleur sévère à douleur modérée) […] Sur l’échelle VAS, la réduction de la douleur était de 0,9 mm“, rapporte le Dr Lindh.Les chercheurs ont par ailleurs constaté que les femmes nées en 1982 avaient tendance à se plaindre davantage de dysménorrhée, évoquant des douleurs plus importantes, que celles nées en 1962. “Nous n’avons pas vraiment d’explication. C’est peut-être dû au type de contraceptif oral utilisé, par exemple en raison des différences de quantités d’oestrogène ou du type de progestérone contenu, ou à une différence d’appréciation de la douleur chez les femmes nées en 1982, qui seraient plus sensibles ou plus promptes à se plaindre par rapport aux femmes du même âge mais nées plus tôt“.S’ils souhaitent inclure le traitement de la dysménorrhée, les laboratoires pharmaceutiques devront mener un essai clinique. En attendant, la prescription de la pilule contraceptive combinée a pour unique indication la contraception.Amélie Pelletier
Source
The effect of combined oral contraceptives and age on dysmenorrhea: an epidemiological study“, Human Reproduction (
résumé en ligne).Click Here: ADELAIDE CROWS 2019 MEN’S HOME GUERNSEY