Plus de 3 % des accidents de la route imputables aux médicaments

Un peu plus de 3 % des accidents de la route seraient imputables à la prise d’anxiolytiques, d’hypnotiques, d’antiépileptiques et d’antidépresseurs, selon une vaste étude menée auprès de plus de 70 000 conducteurs par une équipe de l’Inserm en association avec l’Agence française de sécurité sanitaire des produits (Afssaps), l’Assurance maladie et l’Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS).

Environ 1,3 million de personnes meurent chaque année sur les routes. Comme l’alcool et les drogues, les médicaments peuvent altérer le comportement des conducteurs, entraînant somnolence, troubles de la coordination, de la vue, vertiges, et les exposer ainsi à un risque d’accidents. En France, l’Afssaps a mis au point en 2005 un système de classification des médicaments sous forme de pictogrammes colorés : jaune pâle (risque faible), orange (risque moyen) et rouge (risque majeur).Il n’en reste pas moins que les données épidémiologiques sur ce risque sont quasiment inexistantes et qu’il reste très difficile d’établir un lien entre la prise d’un médicament et la survenue d’un accident de la route. Pour pallier cette lacune, les chercheurs de l’équipe “Avenir, prévention et prise en charge des traumatismes“ de l’Inserm (U897) à Bordeaux ont examiné les données issues de l’Assurance maladie, des rapports de police et des Bulletins d’analyse d’Accident Corporel (BAAC). Ils se sont ainsi concentrés sur 72 685 conducteurs impliqués dans des accidents de la route entre juillet 2005 et mai 2008.Leur étude, publiée dans la revue PLoS Medecine, montre que la prise de médicaments comportant un pictogramme de niveau 2 ou de niveau 3 augmente respectivement de 31 % et de 25 % le risque d’être responsable d’un accident de la route. Sans surprise, le risque est d’autant plus important que le nombre de ce type de médicaments consommés est élevé. Au total, les chercheurs évaluent à 3,3 % la part des accidents de la route imputables à la prise de médicaments classés niveaux 2 et 3.Les effets sur les capacités de conduite des médicaments classés niveau 2 dépendent à la fois de la pharmacodynamique des produits et de la sensibilité du conducteur, tandis que ceux des médicaments de niveau 3 dépendent uniquement de la pharmacodynamique des produits, précisent les chercheurs. A l’inverse, les effets des médicaments de niveau 1 sur les capacités de conduite reposent essentiellement sur la sensibilité de chacun ; et d’après les données, ils n’ont que peu d’incidence sur l’accidentologie, ce qui amène les auteurs à s’interroger sur la pertinence de ce niveau.Ils concluent d’ailleurs que “le risque principal provient bien des médicaments de niveau 2 et de niveau 3“, à savoir “essentiellement des anxiolytiques, des hypnotiques, des antiépileptiques et des antidépresseurs“.Amélie PelletierSources :Prescription Medicines and the Risk of Road Traffic Crashes : A French Registry-Based Study. Ludivine Orriols, Bernard Delorme, Blandine Gadegbeku, Aurore Tricotel, Benjamin Contrand, Bernard Laumon, Louis-Rachid Salmi, Emmanuel Lagarde, on behalf of the CESIR research group.

(téléchargeable sur le site de la revue PLoS)