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Dans un rapport adopté fin juin, l’Académie de médecine plaide pour le développement du secourisme en France. Dressant un état des lieux contrasté de ce qu’elle estime une démarche citoyenne, elle émet plusieurs propositions susceptibles de faire progresser la formation des citoyens aux gestes de premiers secours.
Pour Henri Julien, médecin et auteur du rapport, “la diffusion et le développement du secourisme en France ne paraissent pas au niveau attendu pour un pays avancé“. Seuls 40 % des Français seraient initiés au secourisme, contre 80 % des citoyens allemands. La faute à un manque d’impulsion politique, souligne l’auteur pour lequel “le secourisme doit devenir une cause nationale“.Avec ses collaborateurs, il émet une série de propositions visant à une meilleure diffusion du secourisme en France : – Mieux définir le secourismeIl suggère en particulier de donner une définition générique à ce terme, qui serait “l’ensemble des gestes de secours reconnus destinés, en situation d’urgence, à préserver l’intégrité physique et psychique d’une victime d’accident ou de maladie, notamment en attendant l’arrivée des secours organisés“ – Mieux protéger le secouriste bénévolePrenant l’exemple du Québec, où il existe une loi exonérant le témoin bénévole pratiquant les gestes de premiers secours de toute poursuite civile ou pénale, les auteurs proposent de s’en inspirer pour la reformuler ainsi : “Toute personne qui porte secours à autrui dans le cadre de l’article 122-7 du code pénal est exonérée de toute responsabilité pour le préjudice qui peut en résulter, à moins que ce préjudice ne soit dû à sa faute intentionnelle ou à sa faute lourde. Cette disposition ne s’applique pas aux personnels de sécurité, de santé ou de secours dans le cadre de l’exercice de leurs professions ainsi qu’à toute autre personne rétribuée pour cette action ou agissant dans le cadre de ses missions“. – Renforcer le pilotage du secourisme en FranceLes auteurs déplorent par ailleurs “l’absence d’un véritable projet“ politique concernant le secourisme, qui dépend de multiples tutelles (Santé, Intérieur, Jeunesse et Sport, Éducation nationale, etc.). Ils suggèrent par conséquent de mettre en place une structure de l’État assurant à la fois l’harmonisation et la coordination des actions interministérielles, la promotion du secourisme, son suivi, tout en favorisant les recherches et les publications dans le domaine. – Généraliser l’obligation de formationA l’image de ce qui se fait dans beaucoup d’autres pays, les membres de l’Académie de médecine souhaitent que le caractère obligatoire de la formation aux premiers secours soit renforcé, et qu’un “parcours civique secouriste“ jalonne la vie des Français : ils suggèrent ainsi un apprentissage des gestes de premier secours à l’école, avec un approfondissement de cet enseignement lors de la Journée d’appel de Préparation à la Défense (JAPD). L’examen du permis de conduire serait l’occasion d’apprendre les gestes à effectuer lors d’un accident de la route, tandis qu’un module pédiatrique pourrait être enseigné lors de la préparation à l’accouchement. La pratique d’un sport à risque, l’insertion dans le monde du travail ou encore le départ à la retraite pourraient être le cadre de modules spécifiques, adaptés à la situation. – Financer le coût de la formationPour les auteurs du rapport, “le coût de la formation volontaire est un frein à la diffusion du secourisme“. Ils plaident donc pour la généralisation de sa gratuité, ou, pour le moins, l’instauration d’une aide pour les personnes défavorisées. Ils jugent par ailleurs la formation trop longue et suggèrent de faire appel à des procédés pédagogiques modernes qui diminueraient le temps de l’enseignement.Les membres de l’Académie de médecine estiment par ailleurs que les secouristes professionnels devraient avoir accès à des matériels modernes, comme les appareils automatisés de mesure de la glycémie ou les dispositifs de maintien de la liberté des voies aériennes. Ils demandent aussi à ce qu’ils puissent utiliser trois médicaments d’urgence : l’adrénaline injectable en sous-cutanée en cas de choc anaphylactique, la
Trinidrine spray pour soulager une douleur coronarienne, et enfin la
Ventoline ® pour traiter une crise d’asthme.Amélie PelletierSource: Rapport “Secourisme en France. Panorama et perspectives“, Académie de Médecine, 29 juin 2010,
disponible en ligne.